The Ocean RaceÉperonnage, casse et drame juste avant l'arrivée à Itajaí

Jochen Rieker

 · 01.04.2023

Cassé, mouillé, mais en tête : Boris Herrmann après avoir enlevé le zéro de fractionnement hier, avant que la tempête ne frappe de plein fouet | Team Malizia/Antoine Auriol
Du grand drame, même si ce n'est pas en haute résolution. Images vidéo de la tempête de l'Atlantique Sud
Les navigateurs de The Ocean Race étaient déjà mal à l'aise quelques jours auparavant, lorsqu'ils regardaient les données météorologiques. Hier, leur pressentiment s'est confirmé. C'était un jour de sacrifice. Team Malizia a perdu une autre voile, mais a repris la tête !

La délivrance ne semblait plus très loin. Hier, les leaders de The Ocean Race - Boris Herrmann avec Team Malizia et Kevin Escoffier avec Team Holcim -PRB - n'étaient qu'à deux milles de l'arrivée de l'étape reine à Itajaí, proches les uns des autres comme depuis des semaines. 11th Hour Racing" et "Biotherm" ont également navigué à vive allure vers la marque des 1000 derniers milles.

Mais elle est arrivée, la dernière grande tempête, la dernière épreuve difficile. Et comment ! Et avec quelle force !

"Nous avons eu 50 nœuds", a dit Kevin Escoffier à son journaliste embarqué. "Quand tu regardes dehors, tout est blanc". Un panoramique plus tard, la caméra de Julien Champolion montre l'Atlantique Sud écumant. Et un regard sur les visages de l'équipage montre toute la tension qui règne. Tom Laperche, le plus jeune à bord à 25 ans, semble avoir vieilli de 15 ou 20 ans.

Ce matin, alors que Malizia et Holcim naviguent loin sous la terre pour se dégager de l'agitation de la dépression orageuse qui se déplace rapidement au large des côtes brésiliennes, à seulement un jour de l'arrivée, la liste des dégâts est presque aussi longue que celle des participants.

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Le pire a été le "Biotherm" de Paul Meilhat, dont le foil bâbord a heurté un objet non identifié dans l'eau. L'impact a endommagé l'aile en fibre de carbone massive ainsi que le palier inférieur du foil et la coque, faisant prendre l'eau au bateau.

L'équipe a toutefois fait savoir que la situation était sous contrôle et que l'équipage était sain et sauf. Une pointe sur la ligne de parcours indique que le problème est survenu. Actuellement, "Biotherm" navigue sur l'étrave intacte et vers une zone de vent léger.

Ce n'est que le dernier d'une série de revers techniques que le bateau français et ses marins doivent surmonter. Dès le départ, le renvoi de l'écoute de grand-voile s'est arraché du pont et les billes de stockage des chariots d'écoute sont passées par-dessus bord. L'un des foils présentait une déchirure à l'arrivée au Cap, un ring-span a été stratifié par la suite. Mais par manque de budget, "Biotherm" est le seul Imoca à être resté à l'eau à l'époque, il n'a pas été gruté à terre.

L'équipe technique devra sans doute faire face à la plus longue liste de tâches à Itajaí. La quatrième place semble assurée pour Paul Meilhat, car il ne pourra plus guère se battre pour le podium contre "11th Hour Racing", lui aussi fortement handicapé. Leur avance sur "Biotherm" était déjà de 90 milles nautiques ce matin.

Boris Herrmann et son équipage ne sont pas sortis indemnes de la tempête. Et pour eux, l'enjeu est bien plus important, à savoir la victoire. Actuellement, ils ont une trentaine de milles d'avance sur "Holcim - PRB", qui naviguait hier encore à portée de vue et d'AIS. Avant que la dépression ne frappe de plein fouet, le bateau allemand a déchiré le zéro de fractionnement, l'une des quatre voiles de vent spatial.

Boris n'a eu d'autre choix que de l'enrouler et de l'abattre. Comme il manque aussi le Masthead Zero dans l'inventaire, qui serait important pour la phase finale prévisible à faible vent, l'équipe Malizia n'a maintenant plus que le Code 3 et le Jib Zero pour les parcours spacieux. Cela va être délicat, mais tout est encore possible. Peu de temps auparavant, il avait encore manifesté sa volonté de gagner dans la vidéo :

C'est le push final ! Push push, push" !

Kevin Escoffier a lui aussi dû payer un tribut à la dépression d'hier. Après une perte de courant à la barre, son bateau s'est couché sur le côté pendant plusieurs minutes, le mât presque à l'horizontale face à la mer agitée. Une vidéo montre comment le skipper et l'équipage luttent pour reprendre le contrôle du bateau.

Les scènes se sont déroulées dans l'une des rafales les plus violentes, et l'on pouvait voir après coup sur le visage d'Escoffier à quel point il était tendu, à quel point la tempête qui s'abattait sur lui épuisait les hommes et le matériel sur les derniers milles.

En effet, une latte de la grand-voile s'est brisée lors de l'incident, obligeant l'équipage à la démonter complètement et à scier une latte de rechange à la longueur voulue. Les temps sont durs, même pour le leader de The Ocean Race.

En attendant, l'arrivée des héros est déjà fêtée aujourd'hui dans l'Ocean Race Park d'Itajaí, comme si c'était le carnaval. C'est l'objectif déclaré des Brésiliens : mettre en scène le plus joyeux, le plus beau, le plus fréquenté des escales de la course de 2023. Et on ne peut pas en douter.

Un bateau est déjà amarré au ponton flottant qui a été spécialement ancré pour The Ocean Race près de l'embouchure du fleuve : "Guyot Environnement - Team Europe". Il ressemble au départ d'Alicante - prêt pour la course ! Et l'équipage l'est aussi, reposé par le repos forcé dû à l'abandon de la troisième étape et à la réparation au Cap. Le skipper Benjamin Dutreux et l'équipier Phillip Kasüske n'ont laissé planer aucun doute sur le fait qu'il faudra désormais compter avec eux.

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