La fraude aux chèques fonctionne depuis de nombreuses années pour la vente de maisons et de voitures. Ces derniers temps, de tels malfaiteurs tentent de plus en plus d'arnaquer également les propriétaires de yachts. Nous avons décrit dans YACHT 21/12 comment se protéger contre cette méthode et d'autres. Nous y mettons en garde contre les achats ou les ventes à l'étranger et par chèque. Il semble que les escrocs aient réagi, car des lecteurs nous ont envoyé des rapports détaillés sur deux nouvelles arnaques, dans lesquelles les escrocs eux-mêmes déconseillent le paiement par chèque, qui a mauvaise presse, apparemment pour inspirer confiance. Au lieu de cela, ils proposent un autre mode de transaction. En guise d'avertissement, nous souhaitons vous en parler :
Un lecteur tombe sur l'offre d'un Hanse 430E via une bourse en ligne de bateaux d'occasion. Construit en 2007, il est censé être en excellent état et son prix de vente proposé est de 55 000 euros, ce qui semble être une bonne affaire. Seul hic : le bateau se trouve à l'intérieur des terres en Slovénie, au bord d'une rivière. Pourtant, les photos envoyées montrent un bateau vraiment bien entretenu, et le prix est excellent. Le vendeur parle un allemand approximatif et un anglais approximatif, mais il a l'air sympathique et a également une solution pour la logistique :
Il propose même de faire livrer gratuitement le bateau au nouveau propriétaire en Allemagne pour le prix d'achat indiqué. Mais pour cela, il pose quelques conditions : Il veut envoyer le contrat de vente que l'acheteur devra signer et renvoyer en Slovénie, mais il veut aussi recevoir l'argent par virement. Le bateau doit ensuite être livré au nouveau propriétaire dans un délai de trois jours par remorque surbaissée.
Lorsque l'acheteur pose ses conditions, à savoir signer le contrat, prendre l'avion pour se rendre sur le bateau et ne payer qu'ensuite, le vendeur réagit avec colère et suggère à l'acheteur soit d'accepter ses conditions, soit de trouver un autre bateau. Ou tout simplement de venir en Slovénie. Cette invitation est toutefois rapidement annulée : "Si tout semble bon, pourquoi veux-tu absolument venir ici ?
On trouve un compromis : l'acheteur doit d'abord payer la moitié (27.500 euros), l'autre moitié après la livraison du yacht. En guise de garantie, le vendeur envoie par e-mail des numéros de série photographiés au préalable du yacht et du moteur installé. Or, ce qui arrive par mail est un mauvais photomontage d'une plaque de série et d'un moteur. L'acheteur potentiel s'en rend compte et tire sur la corde. Heureusement pour lui !
Cette fois-ci, un lecteur souhaite vendre son voilier et trouve un acheteur intéressé en Belgique. On négocie le prix par mail, mais le Belge ne peut pas venir en personne à la visite. Comme il connaît le bateau, on exclut tout risque dans le contrat de vente et l'acheteur s'identifie avec une carte d'identité scannée. Le contrat de vente est signé et l'enlèvement doit avoir lieu rapidement. Quelques jours s'écoulent avant que le prétendu acheteur ne se manifeste à nouveau. Il indique que sa banque exige une identification du vendeur. Celui-ci doit virer 500 euros sur un compte en Afrique du Sud. Il s'agit d'une procédure formelle, dit-il, c'est la seule façon pour la banque de transférer le prix d'achat, plus les 500 euros déjà versés.
Le Belge explique le déroulement et la raison de cette procédure dans un anglais parfait et de manière très détaillée, mais quelque chose semble quand même louche. Le vendeur commence ses recherches et tombe sur le vrai Belge dont la carte d'identité a été utilisée pour cette fraude. Une personne âgée avait été spécialement choisie pour rendre l'histoire plus crédible. Le vendeur apprend que l'arnaque semble avoir été menée à grande échelle, conçue pour encaisser les 500 euros le plus souvent possible. Et chez le malheureux propriétaire du badge, le téléphone ne s'arrête plus depuis.
Il vaut donc la peine de garder les yeux et les oreilles ouverts lors de l'achat et de la vente d'un bateau, surtout s'il s'agit de partenaires commerciaux de l'étranger. Poser le plus de questions possible, se faire envoyer des photos détaillées et vérifier l'identité du prétendu acheteur/vendeur par plusieurs moyens devraient constituer la base de toute transaction. Bien sûr, toutes les bonnes affaires venant de l'étranger ne sont pas forcément des tentatives d'escroquerie, mais cela vaut la peine d'être un peu plus méfiant.