Si, comme en janvier dernier, le boot Düsseldorf doit être annulé pour cause de Corona, le Yachting Festival Cannes assume presque automatiquement la fonction de salon phare mondial pour les sports nautiques. Et cette fonction, la vitrine des chantiers navals et des équipementiers qui a ouvert ses portes ce matin la remplit parfaitement.
L'offre de yachts est impressionnante et complète. Et ce, tant en largeur qu'en profondeur. Les petits fournisseurs spécialisés comme Django, Gunboat, JPK ou Tofinou sont présents dans le bassin entièrement rempli, tout comme les nouveautés des fabricants de grande série - de Bavaria, Dehler, Hanse jusqu'aux Local Heroes Beneteau, Dufour, Jeanneau, en passant par presque toutes les marques de multicoques.
Les catamarans de croisière et de performance, en particulier, sont rarement aussi nombreux et variés - c'est pourquoi nous consacrerons prochainement un article aux principales nouveautés de ce segment.
Ce qui était déjà frappant les années précédentes : les yachts, en particulier les premiers modèles, sont de plus en plus grands. Les nouveautés autour de dix mètres de long sont des exceptions rares, à l'exception du Dufour 37, qui ne mesure en fait que 33 pieds de long. En dessous de dix mètres, rien ne bouge cette année. En revanche, les nouveautés dans la catégorie des 40 à 60 pieds sont en plein essor.
Grand Soleil fait facilement mieux avec le nouveau 72 - un bateau au design passionnant qui se situe entre le segment du luxe et celui de la performance et qui présente de nombreux détails passionnants. Sa petite sœur, le Grand Soleil 40, issue du programme Performance du chantier naval italien, n'est pas moins intéressante. Tout comme le First 36, l'Elan E6, l'Italia 12.98 et le Solaris 50, d'une beauté spectaculaire, il est nominé pour le Yacht européen de l'année. Les cinq modèles sont ici sur le même quai, à seulement 100 mètres de chacun d'entre eux.
Difficile de ne pas s'extasier devant tant de nouveautés, et oui : aussi devant tant de joyaux inabordables pour la plupart des navigateurs. Le Swan 55 de Finlande, dernier modèle de la marque de luxe Nautor, en fait partie. Il se trouve à côté du Swan 58, qui a fait ses débuts ici l'année dernière, et il n'en offre guère moins.
Au contraire : sur l'insistance du propriétaire du chantier naval, Leonardo Ferragamo, il a été doté d'une plate-forme de baignade unique en son genre. Elle ouvre non seulement la poupe, mais aussi la partie arrière du pont, créant ainsi une sorte de club de plage privé - suffisamment grand pour accueillir deux ou trois chaises longues. Un mimétisme élaboré avec des servomoteurs cachés dans le hayon arrière fait du Swan une sorte de sésame. De la gaudriole ? Peut-être un peu, mais surtout spectaculaire.
Le Swan 55 est aussi étonnamment adaptable aux souhaits des propriétaires. À l'avant du mât, on peut choisir une cabine d'invités à bâbord, mais aussi un salon TV qui s'ouvre sur le salon - ou bien on intègre cet espace dans la chambre du propriétaire et on se fait aménager un boat-office spacieux. Les options sont si convaincantes qu'il semble impossible de faire un mauvais choix.
Le Swan 55 offre également une grande liberté d'aménagement à bâbord et à l'arrière : on peut y loger au choix un atelier, une couchette de pilote avec une machine à laver et de nombreux espaces de rangement, ou même un logement accessible depuis le cockpit pour deux membres d'équipage, au cas où l'on ne souhaiterait pas naviguer le bateau sans aide extérieure. Quatre essences de bois sont disponibles pour l'ensemble de l'aménagement : chêne, chêne clair, chêne foncé ou noyer. Le teck, en revanche, est à l'index chez Nautor, car il n'est plus disponible dans la seule qualité acceptable pour le chantier naval (1st grade). Pour les ponts, le chantier naval cherche encore des alternatives et, selon les informations de YACHT, il examine également les ponts en liège à barres. Mais aucune décision n'a encore été prise.
Le thème de la durabilité joue partout un rôle croissant dans la construction de yachts. C'était déjà le cas l'année dernière, mais plutôt sur le plan rhétorique. On ne voyait alors guère plus que des promesses et des prototypes. Cette fois encore, il faut regarder de près pour trouver des solutions respectueuses de l'environnement. Mais on sent bien que le temps des simples promesses est révolu.
Sunreef présente un méga-kat dont la coque, la superstructure et le mât sont presque partout recouverts de cellules photovoltaïques. Beneteau propose avec l'Oceanis 30.1e un premier bateau de série équipé d'un pod de propulsion Torqeedo et prévoit de présenter prochainement le premier First 44 dont la coque et le pont sont stratifiés en résine recyclable. Fountaine Pajot et Dufour confirment leur objectif de produire des bateaux entièrement neutres en CO2 d'ici 2030. Des solutions existent pour cela. Mais le chemin pour y parvenir semble encore long - d'autant plus que la plupart des bateaux exposés lors de ce Yachting Festival Cannes n'ont pas ou peu été conçus selon des principes de durabilité. Toujours est-il que les grands de la branche ont compris que cela ne pouvait pas continuer ainsi.