Pour beaucoup, cuisiner à bord après une longue journée sur l'eau fait partie intégrante de la navigation. En revanche, en route, la cuisine reste souvent froide. Autrement dit, il y a des céréales, des sandwichs, des gâteaux ou d'autres snacks préparés à l'avance. Cela permet de passer la journée sans problème et de se réjouir à l'avance du repas du soir. Mais en même temps, on a de plus en plus envie d'avoir quelque chose de correct dans son assiette le plus vite possible après s'être amarré ou avoir jeté l'ancre. Parfois, le plan de croisière en souffre également, car un équipage affamé n'aime pas continuer à naviguer.
La bonne nouvelle, c'est que les offices de la plupart des yachts offrent les conditions de base pour être utilisés également en navigation et pour préparer quelque chose de chaud sur la table, ou plutôt dans l'assiette. Car une chose est sûre : l'état de la mer et la situation ne se font pas seulement sentir lors de la préparation, mais aussi pendant le repas lui-même.
Les plats qui nécessitent peu de casseroles et qui peuvent être mangés seuls avec une cuillère ou une fourchette sont optimaux. Ainsi, il reste toujours une main libre pour l'assiette. Car il est peu probable que l'on puisse la poser sur la table. L'équipage devrait donc plutôt opter pour un bol ou une assiette creuse avec un franc-bord surélevé. La vaisselle avec un pied en caoutchouc antidérapant peut également être pratique. Cela existe par exemple chez Brunner en combinaison avec du plastique incassable. En revanche, les assiettes et bols en porcelaine antidérapants ne sont généralement disponibles que dans un design pour enfants en bas âge. À propos d'antidérapant, si l'on ne dispose pas à bord d'un tapis en caoutchouc adapté, on peut simplement placer un torchon humide en dessous, cela limitera également le désordre si quelque chose se perd en versant un verre. Seul inconvénient : la serviette doit être séchée après utilisation.
Revenons à l'office. La question de savoir quel agencement est le plus adapté à la croisière au long cours peut faire l'objet de nombreux débats. Chaque conception a ses avantages et ses inconvénients et ses fans. Lors d'une croisière d'été ou pour une navigation de nuit occasionnelle, il importe peu de savoir s'il s'agit d'un agencement en forme de L ou de U ou si l'on dispose d'une cuisine en longueur. Dans une découpe en forme de U, on peut certes mieux se caler et, dans le meilleur des cas, on a la cuisinière, l'évier, le bac de refroidissement et les plans de travail à portée de main. Mais les portiques en L et en longueur peuvent également être utilisés pour la voile. Une sangle peut être fixée pour un soutien supplémentaire. Il est plus important, car difficile à équiper ultérieurement, d'avoir des tabliers suffisamment hauts sur toutes les surfaces de travail et un évier qui ne se remplit pas, même en cas d'immersion. En effet, l'évier est un lieu de rangement et de travail universel en mer.
De plus, le réchaud a besoin d'un cardan, il doit pouvoir osciller de 25, voire 30 degrés de chaque côté. Ces déviations relativement importantes sont nécessaires pour que les casseroles et les poêles restent debout même en cas de pic de gîte dû à la houle. En outre, les casseroles doivent pouvoir être fixées sur la cuisinière, car en mer, le smut a besoin de sa main habituelle pour se tenir en cas de doute. Les supports de casseroles sont généralement fournis avec les cuisinières à gaz à cardan, mais ils sont disponibles en tant qu'accessoires pour les réchauds à alcool Origo. Une autre variante consiste en des systèmes personnalisés qui se posent sur la cuisinière comme un cadre et qui entourent les casseroles de manière sûre. Ils sont particulièrement appréciés des navigateurs au long cours qui cuisinent quotidiennement en mer.
Grâce à l'efficacité de la technique d'induction, la cuisine électrique prend de plus en plus d'importance, voir YACHT 18/22. À condition de disposer de l'infrastructure énergétique correspondante, les plaques de cuisson peuvent être utilisées en mer. Notre auteur et navigateur au long cours Frank Reinecke, par exemple, cuisine presque toujours à l'électricité. "Toutes nos casseroles et poêles sont compatibles avec l'induction et le gaz. Sur les passages, nous cuisinons à l'électricité lorsque les conditions le permettent. La plaque à induction mobile est alors placée sur la cuisinière à gaz, et celle-ci est montée sur cardan. Nous utilisons un revêtement antidérapant sur la plaque à induction. Cette méthode a fait ses preuves et permet d'économiser du gaz lorsque la bolognaise mijote longtemps", explique Reinecke.
Outre la table de cuisson à induction, Reinecke utilise volontiers un cuiseur à riz électrique. Il permet également de cuire du pain et des gâteaux. Avec un tapis antidérapant, un cuiseur à riz reste bien en place dans l'évier, même en cas de forts mouvements du bateau. Sur les multicoques qui naviguent sans position notable, il arrive même que le Thermomix domestique soit utilisé.
Pour les réchauds à alcool et à gaz, l'Omnia a fait ses preuves, c'est un véritable appareil multifonctions. Dans le moule en aluminium d'apparence simple avec couvercle, on peut presque tout préparer, du gratin de pommes de terre au pain en passant par la pizza et les frites.
L'accessoire transforme les réchauds à gaz et à alcool en four et vaut même la peine d'être utilisé lorsqu'une cuisinière avec four est disponible. S'il n'est pas nécessaire de nourrir un grand équipage, l'Omnia à feu doux nécessite moins de gaz que le four fixe. Les inserts en silicone disponibles en tant qu'accessoires ont fait leurs preuves. Mais il faudrait en avoir plusieurs à bord, car ils prennent l'odeur, et le prochain gâteau ne doit finalement pas avoir le goût des lasagnes.
La préparation des ingrédients joue un rôle important dans la cuisine. Laver et couper les légumes en mer est nettement plus fatigant que sans gîte ni mouvement du bateau. Il est donc recommandé de préparer les ingrédients sur le lieu d'amarrage et de les stocker temporairement dans des boîtes ou des sacs zippés. Pour les voyages de nuit ou les intempéries prévisibles, un repas entièrement préparé vaut de l'or. Les plats idéaux sont par exemple le goulasch, la bolognaise ou des plats similaires. Il est presque toujours possible de cuire des pâtes ou du riz en guise d'accompagnement, et le reste doit simplement être réchauffé.
Le pragmatisme est de mise dans le choix des ingrédients. Les plats de pâtes, par exemple, sont presque aussi bons avec des pennes ou des fusilli qu'avec des spaghettis, mais ils sont nettement plus faciles à manger d'une seule main. Frank Reinecke donne encore un conseil à ce sujet : "Pour les petits creux, les truffes ou l'huile de truffe ont fait leurs preuves. Ces produits sont conservés, se conservent donc longtemps et sont faciles à accumuler. Il suffit de faire cuire quelques pâtes et de les égoutter, puis d'ajouter des truffes avec de l'huile d'olive dans la casserole, et voilà un snack très savoureux à disposition".
"Lorsque les conditions sont trop rudes, nous n'hésitons pas à ouvrir une boîte de plats cuisinés et à les affiner en les réchauffant. Dans ce cas, il s'agit plutôt de savoir comment nous pouvons nous caler dans le cockpit et avaler la soupe sans accident", explique Reinecke.
Pour que tout se passe bien dans l'office, il suffit de ranger les ingrédients et les ustensiles de cuisine, et ce de préférence avant le départ. Les poubelles, les maniques et les serviettes en font également partie. Les affaires sont-elles organisées de manière à être accessibles même pendant le service ? Les placards derrière la cuisinière sont déjà difficilement utilisables au port, dès qu'une casserole est posée sur les flammes, si le mouvement du bateau s'y ajoute, le risque de brûlure augmente. C'est particulièrement gênant lorsque les tiroirs sont au vent et que leur contenu se déverse dans la cuisine lorsqu'on les ouvre. Il est donc conseillé de ranger toutes les épices nécessaires à la cuisson de manière à ce qu'elles soient accessibles d'une seule main et qu'il ne soit pas nécessaire de les attraper par-dessus la cuisinière. Les boîtes à épices magnétiques, par exemple, peuvent être utiles à cet égard. Un endroit sûr pour ranger les couteaux de cuisine est également pratique.
Qu'il s'agisse de découper au couteau ou de griller sur une flamme nue : Le risque de blessure et d'accident augmente avec le mouvement du bateau, c'est pourquoi il faut aussi se préoccuper de la sécurité. Cela implique une position stable pour le smut, qui peut être améliorée par la ceinture abdominale mentionnée au début. Pour faire contrepoids à la ceinture, il faut également prévoir un étrier solide devant la cuisinière, afin de ne pas devoir s'appuyer sur le réchaud qui se balance si la houle fait perdre l'équilibre. En outre, une couverture anti-feu devrait être à portée de main, mais cela vaut également pour la cuisson à l'amarrage.
Le conseil le plus important pour cuisiner en mer est d'essayer. Avantage pour le capitaine : un équipage affamé apprécie généralement autant une portion d'œufs brouillés ou de pâtes à la sauce tomate en mer qu'un repas cuisiné avec soin au port. Ou comme l'a dit Ulli Krause, cuisinier professionnel et auteur de livres : "La finesse n'est pas forcément conseillée". Dans tous les cas, le repas chaud remonte le moral et libère de l'énergie, que ce soit pour continuer à naviguer ou simplement pour une promenade détendue à terre.