Thomas Käsbohrer
· 21.07.2023
Depuis janvier 2023, le biologiste marin franco-espagnol Renaud De Stephanis cherche, avec le soutien des autorités espagnoles, à élucider l'énigme des orques et les causes des mystérieuses attaques contre les yachts. Renaud De Stephanis étudie le comportement des dauphins et des baleines depuis les années 1990 et a publié plus de 100 articles scientifiques. Il est le fondateur et le directeur du groupe de recherche Circe ( Conservation, information et étude des cétacés ), qui se consacre à la protection et à l'étude des cétacés (baleines et dauphins) dans le détroit de Gibraltar.
Équipé de deux voiliers et de canots pneumatiques, il navigue chaque jour au large des côtes du sud de l'Espagne vers la Hot Zone, où les orques au comportement anormal interagissent avec les rames. Son objectif : collecter des données sur les orques en rapport avec leurs interactions avec les bateaux. Dans cette interview, Renaud De Stephanis parle de l'état actuel de ses recherches, des résultats obtenus jusqu'à présent et des règles de comportement optimales pour les navigateurs.
Renaud De Stephanis : Aujourd'hui, nous ne partons pas d'un seul groupe, mais de deux. Il s'agit pour l'instant d'une hypothèse, mais nos observations vont fortement dans ce sens. Un groupe est en train de ramer activement au large du village de pêcheurs de Barbate, au nord-ouest du détroit de Gibraltar, et l'autre groupe est actuellement actif au large de la France.
Au large de la Gascogne, au nord des Pyrénées, deux interactions ont eu lieu ces derniers jours, qui se sont soldées par des safrans endommagés. En ce qui concerne la meute au large de Barbate, ces animaux vont maintenant aussi jusqu'à l'extrémité est du détroit de Gibraltar. Nous avons également des interactions au large de La Linea, au nord de Gibraltar.
Nous voulons clarifier trois thèmes : Nous voulons réduire le nombre d'interactions. Ensuite, réduire le nombre de rames endommagées. Il devrait y avoir moins de dégâts. Troisièmement, nous travaillons à expliquer comment les orques ont réussi à couler trois yachts jusqu'à présent, afin d'éviter de nouvelles pertes de bateaux.
Nous pensons dans la même direction. Un safran endommagé n'entraîne jamais le naufrage d'un yacht. Une coque endommagée, si. Nous déconseillons donc vivement de renforcer le safran, ce qui mettrait définitivement un yacht en grave danger. Nous travaillons également sur des solutions techniques pour éviter la destruction des safrans. Les pingers, c'est-à-dire les émetteurs de bruit, sont généralement inefficaces d'après tout ce que nous avons essayé jusqu'à présent. Notre idée est de trouver une solution technique.
Il y a d'une part l'initiative de nombreux sites web et groupes WhatsApp de publier en temps réel la localisation des orques en interaction pour tous les skippers. Nous travaillons à rendre visible encore plus rapidement la position actuelle des orques sur les applications, les sites web et les cartes marines électroniques. Contrairement à ces deux dernières années, nous savons aujourd'hui que "arrêter la machine" et "rester immobile" ne sont pas les bonnes réactions. En restant immobile, on signale en effet aux orques : "Voici ton jouet. Prends-le !" Nous recommandons plutôt de s'éloigner immédiatement du troupeau sous moteur et de se rendre à la ligne des 20 mètres. Nous avons maintenant essayé cela environ 70 fois - une seule fois, cette tactique s'est soldée par une rame détruite. Cela parle de lui-même.
Jusqu'en avril, les chiffres étaient en hausse. Depuis avril, ils évoluent significativement à la baisse.
A quelques exceptions près, presque tous les yachts évoluent dans la ligne des 20 mètres, au plus près de la côte. Même au large de Barbate. Le nombre de safrans endommagés a ainsi considérablement baissé.
En bref : savoir à tout moment où se trouvent les orques. Et puis naviguer tout près de la côte sur la ligne des 20 mètres de profondeur. Là, on est en sécurité.
Honnêtement, je n'en ai pas la moindre idée. Si les voiliers continuent à rester proches des côtes, les chiffres vont continuer à baisser cette année.