Lorsque le Bol d'Or a été disputé pour la première fois en 1939 sous son nom de "Tour du Lac des Faces Pâles", personne n'aurait pu imaginer vivre une fois sur le lac Léman, généralement paisible, une course de tempête telle que celle de cette 81e édition. Cette classique suisse, que la légende de l'America's Cup Dennis Conner a déjà parcourue le plus rapidement en 1989 avec son catamaran révolutionnaire "Stars and Stripes" (mais qui n'a pas été enregistré comme vainqueur en raison du dépassement des dimensions maximales des bateaux sur le lac Léman), se déroule en général dans des vents plutôt calmes. Ce n'était pas le cas cette année. Des images de tempête dramatiques et des démâtages en série ont fait de la régate 2019 un événement encore plus mémorable dans des conditions de survie que lors de la dernière édition tempétueuse de 2013. Si le pire a pu être évité, c'est aussi grâce à des sauveteurs très présents et prudents.
La vidéo dure près de huit minutes et montre, via la caméra embarquée du Grand Surprise "Morpho", l'évolution de la tempête - jusqu'à la rupture du mât qui met fin à la course folle sur le lac Léman.
Les organisateurs viennent de publier leur bilan. La tempête qui a balayé les régates avait été annoncée par Météo Suisse, mais de nombreux équipages l'ont tout de même subie de plein fouet. Après un après-midi de navigation agréable dans une légère brise dominicale de sud-ouest, le week-end dernier sur le lac Léman a vu le ciel s'assombrir radicalement et, comme l'ont décrit certains participants et les organisateurs, "des conditions apocalyptiques" : Des rafales de vent de 50 nœuds et plus se sont abattues sur la flotte. De plus, la grêle s'est abattue sur les ponts avec une visibilité extrêmement réduite. Météo Suisse a même enregistré des pointes de vent de plus de 60 nœuds, soit plus de 110 kilomètres par heure. En conséquence, dans un "feu d'artifice de signaux de détresse", des navigateurs sont passés par-dessus bord, des mâts et des équipages ont abandonné la course ; les organisateurs ont enregistré 212 abandons de course. Le nombre de mâts cassés a entre-temps été officiellement estimé à 40. Plusieurs bateaux ont coulé, dont "Toucans Baloo" et "Ex-Psaros". Le grand favori "Realtime" a perdu son mât, cinq bateaux M2 ont chaviré. Enfin, le Libera "Principesa" a lui aussi chaviré, mais son équipage a pu être récupéré indemne.
Ce clip témoigne également des conditions difficiles de la 81e édition du Bol d'Or.
Les équipes de sauvetage ont été coordonnées par la Société Nautique de Genève, hôte de l'événement. Le club, qui a remporté deux fois l'America's Cup avec l'équipe Alinghi d'Ernesto Bertarelli, a fait un travail remarquable en coordination avec les sauveteurs. Rodolphe Gautier, président du comité d'organisation, explique : "Météo Suisse avait prévu la situation de manière assez précise et avait mis des informations à disposition des participants. En ce sens, les gens étaient préparés lorsque les vents forts ont commencé à souffler et ils ont bien géré la situation. Ils ont suivi les instructions même dans les situations les plus extrêmes. De ce point de vue, le système de sécurité a bien fonctionné. Les bénévoles responsables ont agi avec détermination, sans être débordés. Nous leur tirons notre chapeau".
Yann Guichard et son équipe sur "Ladycat powered by Spindrift Racing" ont remporté la course de tempête. Les félicitations des organisateurs s'adressent toutefois à tous les équipages qui ont été confrontés à une météo exceptionnelle et qui, grâce à une bonne gestion de la mer, ont permis à la course de se terminer sans trop de dégâts. Le catamaran rapide a bouclé le parcours en 10 heures, 36 minutes et 21 secondes. Trois minutes plus tard, "Yllian Comptoir Immobilier", barré par Bertrand Demole, était le deuxième bateau à franchir la ligne d'arrivée. Trois autres minutes plus tard, "Alinghi" d'Ernesto Bertarelli s'est emparé de la troisième place du podium. Le monocoque le plus rapide était le Libera "Raffica". Dans la plus grande classe des 101 ( !) Surprises, c'est "Moi Non Plus" avec Lorenz Kausche qui s'est imposé. La victoire finale en temps calculé a été remportée par Lionel Maret et son équipage sur le Modulo 93 "Matière Grise", plutôt petit, dans le classement par handicap.