C'est la question cruciale de la Coupe. Les Suisses disent que les rames comptent, les Américains disent "no way". C'est une question de mètres et de millions. L'énigme de l'aviron en bref.
Lors de la mesure de la ligne de flottaison, comme les défenseurs suisses de la Coupe l'ont stipulé dans les règles, la distance à prendre en compte est celle entre le point le plus avancé du bateau, qui coupe la surface de l'eau, et le point le plus reculé, gouvernail compris. Selon l'acte de fondation, cette mesure ne doit pas dépasser 90 pieds (environ 27 m).
Le trimaran BMW-Oracle interprète cette règle de manière extrême, car lors de la jauge, seule la ligne de flottaison de la coque centrale est entièrement dans l'eau. Et celle-ci fait au maximum 90 pieds de long. Jusqu'ici, tout va bien.
Les flotteurs extérieurs (Amas en anglais) sont toutefois nettement plus longs, mais leur ligne de flottaison ne touche l'eau que dans sa partie avant lors de la mesure. Si l'on utilise les safranspas qui s'avancent loin à l'arrière dans l'eau, la ligne de flottaison des Amas s'intègre dans la jauge.
Mais si les rames sont prises en compte, comme l'exigent les Suisses, la ligne de flottaison maximale du bateau est nettement plus longue que les 90 pieds autorisés. Cela signifierait que BMW Oracle devrait être disqualifié lors de la jauge, ce qui permettrait à Alinghi de conserver la Coupe sans combattre.
C'était une affaire pour le tribunal de New York, qui a par la suite statué dans le sens de BMW Oracle, c'est-à-dire pour une jauge sans gouvernail. Et c'est contre cela que se dirige, entre autres, l'appel d'Alinghi, sur lequel la décision sera rendue prochainement.
Dans la Coupe de l'America, où la victoire, le prestige et beaucoup d'argent sont en jeu, de telles subtilités sont importantes, car chaque avantage de matériel et de jauge doit être exploité. Contrairement aux bateaux de classe (comme les Douze ou l'International America's Cup Class), les règles sont souvent sujettes à interprétation lors d'un match dit "deed-of-gift" avec des bateaux inégaux. Et pour l'interprétation de ces règles, on fait actuellement très souvent appel aux services d'avocats et de juges.