NavigationRouting - la préparation de l'itinéraire du jour avant la sortie en mer

Sven M. Rutter

 · 25.07.2024

Le fait de pouvoir naviguer à l'avance avec le doigt sur la carte marine contribue autant à l'anticipation qu'à la sécurité.
Photo : YACHT/Sven M. Rutter
Une planification consciencieuse de l'itinéraire commence bien avant le début de la croisière et devrait toujours être adaptée à l'état actuel après le départ. Quels sont les aspects à prendre en compte à chaque étape de la navigation et comment garder une vue d'ensemble ?

Même si le temps idéal pour naviguer attire immédiatement sur l'eau, plus on investit de temps et de loisirs dans la planification préalable d'une croisière, plus la navigation sera détendue par la suite. Dans mon cas, cette planification s'étend souvent sur plusieurs phases qui, dans la pratique, ne se distinguent pas toujours clairement les unes des autres. En gros, la planification de la navigation se fait à trois niveaux : à la maison avant la croisière, à bord avant le départ et en mer.

Série Navigation

La première phase de la navigation commence des semaines avant le début de la croisière. Je commence par chercher des informations et des documents utiles sur la région. Il peut s'agir d'informations trouvées sur Internet ou dans des articles de magazines - par exemple des récits de voyage et de navigation, des propositions de trajets et d'étapes, etc. D'autre part, je recherche des documents nautiques appropriés pour une navigation sûre.

Cette phase couvre donc un large éventail d'aspects, allant des aspects touristiques liés à la conception d'un itinéraire attrayant aux considérations maritimes plus concrètes.

Navigation avec le doigt sur la carte marine

Pour une navigation sûre, le choix de cartes marines appropriées ainsi que de guides de navigation et de manuels de port est l'une des mesures de préparation les plus importantes. Je me procure toujours ces documents moi-même, même pour les croisières charter. L'investissement raisonnable est compensé par un avantage considérable, car c'est le seul moyen de planifier de manière fiable. De plus, lors d'une croisière charter, on ne sait jamais à quel niveau et dans quel état se trouvent les documents de navigation à bord. Je les considère tout simplement comme faisant partie de l'équipement personnel obligatoire sans lequel je ne partirais pas - comme les chaussures de voile et le bonnet, qui doivent être emportés.

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Ouvrage de référence : "BELLER NAVIGIEREN" de Sven M. Rutter comprend, outre la navigation classique, l'utilisation de l'électronique de navigation actuelle. Pour en savoir plus : www.besser-navigieren.de. Série sur la navigation YACHT, partie 5Photo : YACHT/Sven M. Rutter

Le manuel "Besser navigieren" de Sven M. Rutter couvre non seulement les thèmes de la navigation classique, mais aussi l'utilisation de l'électronique de navigation actuelle.


De plus, le fait de pouvoir naviguer sur la carte avec le doigt contribue à l'anticipation. La première orientation peut se faire sur une carte de planification à petite échelle. Toutefois, dès qu'une zone de navigation donnée est considérée comme une étape potentielle de la croisière, il convient d'utiliser des cartes à plus grande échelle. Les jeux de cartes complets pour bateaux de plaisance d'une zone de navigation offrent en général le meilleur rapport qualité-prix grâce à leur composition harmonisée.

Il en va de même pour l'utilisation de cartes marines électroniques : dans un premier temps, il est possible d'obtenir une première vue d'ensemble à l'aide de cartes gratuites en ligne, par exemple. Mais dès que les projets deviennent plus concrets, il vaut mieux acheter un jeu de cartes complet avec toutes les informations disponibles.

Créer une antisèche

A l'aide des cartes que j'ai achetées, je me familiarise déjà à la maison avec toutes les particularités de la région : distances, profondeurs, circulation, restrictions de navigation dues à des zones interdites, des zones de protection de la faune et de la flore et des zones de séparation du trafic, passages de ponts ou d'écluses, etc. Ce faisant, j'établis mes premières notes sur les étapes possibles et les particularités de la navigation.

Dans les zones de marée, je consulte également les principaux documents relatifs aux marées lors de la planification préalable. En effet, les courants de marée attendus déterminent la progression et donc les longueurs d'étapes possibles (voir épisode 3), les hauteurs de marée les ports d'escale. Je prends également des notes à ce sujet, par exemple : "tronçon de route avec des vitesses de courant considérables", "port accessible seulement deux heures à l'heure de la marée haute" et autres choses similaires.

Un autre facteur important de la navigation est la topographie de la zone de navigation, qui est également indiquée sur les cartes. Ainsi, sur les côtes escarpées, il faut s'attendre à des effets de cap et de tuyère et souvent à des vents descendants traîtres.

A cela s'ajoute l'état de la mer auquel il faut s'attendre, par exemple aux endroits plats, derrière les îles, etc. Ces réflexions débouchent également sur des notes dans le cadre du routage. Celles-ci servent de guide personnel pour planifier le déroulement optimal de la croisière. Plus je réfléchis à ces questions avant le début de la croisière, mieux je pourrai profiter de mes vacances à la voile.

Traquer les lieux de nostalgie

Parallèlement, je consulte les guides de navigation que j'ai achetés pour trouver des ports et des mouillages intéressants. Je consulte les plans des ports correspondants, me fais une première idée de l'approche, vérifie la protection dans différentes directions de vent et m'informe sur les mouillages pour invités et les possibilités d'approvisionnement. Je ne me fie jamais à une seule source. En effet, les guides de navigation mettent souvent l'accent sur des points différents, de sorte qu'il est rare de trouver dans un seul ouvrage tous les aspects pris en compte de la même manière.

Comme pour les cartes marines, l'actualité joue un rôle important dans la navigation. Les plans des ports, en particulier, doivent être à jour afin d'éviter les mauvaises surprises en termes d'approche et de profondeur d'eau.

En même temps, je m'informe sur les formalités nécessaires, les règles de circulation spéciales et les usages typiques des yachts dans la zone de navigation. Quels documents de bateau et d'équipage sont exigés à l'entrée et dans les ports ? Comment s'amarrent-ils et s'amarrent-ils typiquement ? Ai-je besoin d'une autorisation préalable pour certaines destinations, par exemple dans des réserves naturelles, quelles sont les conditions de sa délivrance et où puis-je demander de tels documents ?

Une dernière vérification des destinations choisies est effectuée sur Internet juste avant le début de la croisière, afin d'être également informé des fermetures de dernière minute et autres.

Un coup d'œil sur les statistiques

Les recherches préalables doivent en outre porter sur les conditions météorologiques et de vent typiques auxquelles il faut s'attendre dans la zone de navigation pendant la durée prévue de la croisière. Les bons guides de navigation contiennent également des informations utiles à ce sujet. Les phénomènes météorologiques et de vent régionaux devraient notamment y être mentionnés.

Il est également facile d'obtenir des informations sur les conditions météorologiques générales sur place via Internet. De nombreux sites météo, tels que Wetter-Online ou Windfinder, ainsi que des applications météo populaires comme Windy, permettent de consulter des données statistiques sur les principaux paramètres météorologiques à différents endroits. Cela permet de se faire une première idée des conditions de vent moyennes, de la température moyenne ainsi que de la probabilité de tempête et de précipitations pendant le mois de la croisière.

A cela s'ajoutent les "Pilot Charts" ou cartes mensuelles avec des "étoiles de vent", qui représentent les directions et les forces de vent statistiquement les plus fréquentes dans les différentes zones maritimes pour chaque mois. Elles sont publiées par des instituts hydrographiques tels que l'Office fédéral de la navigation maritime et de l'hydrographie (BSH) et l'UKHO britannique ("Admiralty Routeing Pilot Charts"). Certains fournisseurs de cartes pour bateaux de plaisance, comme par exemple la maison d'édition NV-Verlag à Eckernförde, proposent également des cartes de planification avec des étoiles de vent.

Bien sûr, les données statistiques ne font pas toujours mouche. Mais elles fournissent tout de même de précieuses indications sur ce qui nous attend probablement. Elles permettent de déduire les itinéraires qui seraient plutôt défavorables, par exemple parce qu'il est probable que le vent soit contraire ou que le lieu de mouillage visé ne soit pas suffisamment protégé par rapport à la direction du vent la plus fréquente.

Le grand plan

Le résultat de cette planification préalable est une liste qui esquisse déjà le déroulement complet de la croisière avec toutes les étapes sur toute sa durée. Cette liste esquisse en quelque sorte le parcours idéal, prend en compte aussi bien les destinations souhaitées que tous les aspects essentiels de la navigation sur la base des informations disponibles.

Une évaluation réaliste des possibilités et des limites personnelles fait également partie des aspects liés à la navigation. Quelles distances journalières suis-je capable de parcourir avec mon équipage ? Faut-il éviter autant que possible les manœuvres dans l'obscurité et les coups de nuit, ou ne pas s'en préoccuper ? Quelles conditions météorologiques pourraient être limites pour nous ?

La longueur des étapes doit être calculée en conséquence et des marges de sécurité doivent être prévues en cas d'arrivée tardive par vent faible ou d'éventuels jours de mauvais temps. Un couplage préalable adéquat (voir épisode 2). Si ces coussins de sécurité ne sont pas nécessaires, il est toujours possible de faire un arrêt spontané pour se baigner ou même de passer une journée supplémentaire dans un port.

Au cours de toutes mes années de navigation, je n'ai jamais réussi à appliquer mon plan idéal à la lettre. C'est pourquoi j'intègre toujours des alternatives possibles - quasiment une deuxième ou une troisième meilleure solution. Quelle serait la meilleure alternative si nous n'obtenions plus de place dans le port que nous visons ? Comment adapter la planification si la météo nous joue des tours sur une partie du trajet ? Où trouver un bon abri en cas d'intempéries ?

Plus la liste est longue et plus elle prend en compte d'aspects, plus il est facile de s'adapter à des difficultés inattendues. Il suffit alors de recourir au proverbial plan B. De plus, si l'on compare régulièrement le déroulement réel de la croisière avec les plans initiaux, on risque moins d'être pressé par le temps. Le plan idéal sert en quelque sorte de feuille de route.

Vérification de la réalité pour la navigation prévue

Dès que le départ est enfin donné et que je me suis installé à bord, la deuxième phase commence. En ce qui concerne la météo, elle commence un peu plus tôt. En effet, les derniers jours avant le début de la croisière, je suis de près l'évolution de la météo dans la zone de navigation. Je consulte en particulier les cartes de pression au sol afin de me familiariser avec la répartition à grande échelle des formations de pression déterminantes pour le temps (anticyclones et dépressions), les éventuels systèmes de fronts ainsi que leur déplacement : Comment se présente la situation météorologique actuelle dans la région et à quelle évolution du temps faut-il s'attendre ?

Cela m'amène souvent à faire les premiers ajustements dans mes plans. Ainsi, le parcours idéal que je visais à l'origine n'est parfois plus d'actualité avant même le premier départ. Mais j'ai d'autres solutions en réserve.

Une fois à bord, j'établis la feuille de route finale juste avant le début de la croisière. Lors d'une croisière charter, j'ai pu inspecter le yacht en détail, je connais ses possibilités et ses limites et j'ai recueilli les informations les plus récentes sur la météo et la zone de navigation. Tout cela me permet de faire un dernier contrôle de la réalité.

Rester flexible

La troisième phase de planification s'étend sur toute la durée de la croisière. En effet, même si la croisière ne dure qu'une ou deux semaines, il n'est pas possible de tout prévoir dès le premier jour.

Cela vaut en particulier pour la météo, dont j'observe attentivement l'évolution tout au long de la croisière. Cela implique une documentation continue de ce que l'on appelle la météo à bord dans le journal de bord (pression atmosphérique, température, humidité de l'air, nébulosité, direction et force du vent). Cela me permet de savoir où je navigue dans le système météorologique à grande échelle, ce qui m'attend à cet égard et si des effets locaux influencent le temps sur place.

Outre les conditions météorologiques, de nombreux autres facteurs peuvent perturber le plan de croisière en cours de route, comme des problèmes techniques, des membres d'équipage souffrant de problèmes de santé ou des difficultés d'approvisionnement, par exemple lorsque le carburant vient à manquer par manque de vent.

Parfois, il s'agit aussi de choses positives, par exemple lorsqu'on décide de rester plus longtemps dans un endroit particulièrement beau ou de prolonger encore un peu une magnifique journée de navigation. Tout cela nécessite des ajustements continus du plan.

Chaque jour à nouveau

L'itinéraire du jour, avec ses différents points de passage, représente donc en principe une planification au jour le jour, qui ne prend souvent sa forme finale que le matin avant le départ.

Ici aussi, les informations les plus récentes sont prises en compte : Quelles sont les conditions de vent prévues pour aujourd'hui ? Quelles sont les trajectoires par rapport au vent pour l'étape prévue ? Quelles vitesses allons-nous atteindre et quelle longueur de parcours est réaliste dans ce contexte ? Ce n'est qu'une fois ces questions réglées que je fixe définitivement la destination du jour et que je trace mon itinéraire pour y parvenir.

Enfin, je vérifie une dernière fois l'itinéraire prévu pour la journée afin de repérer d'éventuels points dangereux ou autres particularités. Un point de repère est placé à chaque endroit où mon attention est requise, qu'il s'agisse d'un changement de cap ou d'un danger potentiel. J'évite ainsi de passer à côté de points névralgiques (voir aussi les Conseils pour la navigation par waypoints dans l'épisode précédent).

En outre, je me familiarise avec les détails et les formalités d'inscription du port de destination avant même d'appareiller (possibilités de réservation en ligne, canal VHF, emplacement des mouillages invités, etc.)

Détente à la voile

En tant que capitaine, je fais toujours participer mon équipage à mes réflexions sur la planification de l'itinéraire et la navigation. Après tout, nous sommes littéralement tous dans le même bateau, et parfois, quelqu'un qui a un regard franc sur un cas particulier peut même avoir une meilleure idée. Lorsque l'on est nouveau dans un secteur, il peut aussi être utile d'échanger avec ses voisins de ponton. J'ai souvent reçu de précieux conseils et astuces pour la prochaine étape du parcours.

Si rien d'imprévu ne survient, l'itinéraire du jour est finalement suivi de manière conséquente, car en route, je préfère m'occuper de la navigation que de la planification de la navigation. Et il est rassurant de savoir qu'il ne peut plus rien se passer, du moins en termes de navigation, sur l'itinéraire soigneusement élaboré en tenant compte de tous les aspects pertinents.

Il ne reste plus qu'à faire attention à ne pas s'égarer de manière inattendue. Mais si vous suivez les conseils des épisodes précédents, la navigation ne devrait pas vous poser de problème.

Oracle en forme d'étoile

Les étoiles des vents dans l'"Atlas des océans" de Jimmy CornellPhoto : Sven M. Rutter/Cornells Atlas der OzeaneLes étoiles des vents dans l'"Atlas des océans" de Jimmy Cornell

Les étoiles des vents dans les "Pilot Charts" (cartes mensuelles) indiquent, pour leur position sur la carte, la répartition statistique des directions et des forces de vent dominantes pendant la période de référence - généralement pour un mois donné de l'année. Ces figures, qui ressemblent un peu à des fleurs de glace, présentent en général huit bras disposés autour d'un centre circulaire et représentent les directions principales du vent.

Les bras symbolisent des flèches de vent et, comme les vraies flèches, portent à leur extrémité de petites plumes ou pennes dont le nombre et la disposition indiquent la force moyenne du vent. Il existe également des représentations différentes, dans lesquelles les flèches de vent se terminent par des barres qui indiquent la répartition statistique de certaines forces de vent. En cas de doute, il suffit de consulter la légende. La longueur des bras représente la fréquence de la direction du vent concernée en pourcentage. Le chiffre au centre du cercle donne des informations sur la fréquence des calmes (vents faiblement tournants). On peut ainsi voir en un coup d'œil de quelle direction et avec quelle force le vent souffle le plus souvent pendant le mois correspondant. Les cartes de routage pour les passages océaniques fournissent également des informations sur les courants de surface typiques.

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