Hauke Schmidt
· 14.09.2025
Un brouillard épais ! La sortie du port est à peine visible et le vent souffle faiblement. Cette situation météorologique peut être plus désagréable en mer que n'importe quelle tempête. Ceux qui en ont la possibilité restent au port. Si le brouillard apparaît de manière inattendue pendant la navigation, il représente l'un des derniers grands défis. Grâce aux moyens modernes, un atterrissage imprévu n'est certes plus à craindre, mais une collision avec un objet flottant pourrait avoir de graves conséquences.
En plus de la connaissance de ce danger, il y a le facteur panique : de nombreuses personnes se sentent mal à l'aise lorsque leur sens le plus utilisé, la vue, est limité. Seules les fortes pluies ou les épaisses chutes de neige constituent des obstacles encore plus importants que le brouillard, car même les radars ne fonctionnent plus de manière fiable et la réception GPS peut même être perturbée.
Le fait que le brouillard devienne réellement dangereux ou qu'il ne soit qu'un effet secondaire désagréable dépend de plusieurs facteurs. Outre la visibilité, le secteur de navigation, la connaissance des lieux et les conditions de circulation sont déterminants. Si la visibilité est de 300 mètres sur l'Elbe, il vaut mieux ne pas naviguer. En revanche, il peut être possible de naviguer sur la Schlei dans certaines circonstances, même avec une visibilité de 100 mètres.
Dans l'ensemble, l'orientation à l'aide du GPS devrait être possible même dans la soupe la plus épaisse - pour autant que l'on dispose d'un GPS. Mais c'est à chaque skipper de décider s'il veut dépendre d'une seule possibilité d'orientation électronique. Toujours est-il qu'en cas de mauvaise visibilité, il n'est plus possible de déterminer sa position par un relèvement croisé. Le compas, le fil à plomb et le loch sont certes une aide, mais seulement si vous savez à peu près où vous êtes. En cas d'urgence, vous pouvez alors, avec l'aide du sondeur, tâtonner le long d'une ligne de profondeur connue.
Dans les passages étroits, la situation peut toutefois devenir critique, même avec l'aide du satellite. En effet, la précision de la position sur le traceur ne peut pas être vérifiée visuellement. En outre, l'homme de barre doit pouvoir suivre les données du traceur avec une précision suffisante pour pouvoir entrer dans un port "à l'aveugle". Dans la pratique, il faut compter avec un écart d'au moins 50 mètres entre la ligne de route prévue et la route effectivement suivie. Il est également possible que la carte utilisée pour la planification présente des écarts.
Inconfortable ou risque, tout dépend des circonstances. Les règles de prévention des collisions (RCC) définissent clairement le comportement à adopter en cas de mauvaise visibilité. La règle 19 stipule que "tout véhicule doit circuler à une vitesse sûre, adaptée aux circonstances et aux conditions de visibilité réduite". En ce qui concerne le comportement à l'approche, on peut lire : "Tout bateau qui semble entendre le signal de brouillard d'un autre bateau plus en avant qu'en arrière doit réduire sa vitesse au minimum nécessaire pour conserver sa capacité de conduite. S'il y a lieu, il doit supprimer toute vitesse et, en tout état de cause, manœuvrer avec la plus grande prudence jusqu'à ce que le risque de collision soit écarté".
Dans la pratique, les choses se présentent ainsi : Lorsqu'il n'y a que d'autres navigateurs sur son propre territoire protégé, on a affaire à des adversaires qui se battent dans les mêmes conditions. Cela signifie que l'on voit aussi bien ou aussi mal, que l'on court aussi lentement et que l'on a à peu près la même capacité de manœuvre. On peut donc procéder de la même manière que sur la route : en cas de repérage intensif, manœuvrer de manière à pouvoir s'arrêter ou s'écarter dans un rayon inférieur à la moitié de la visibilité. Cette procédure est également recommandée par le KVR.
Dans les zones de marée, la situation est tout autre. En effet, le courant peut faire apparaître des contre-courants beaucoup plus rapidement que prévu : Par exemple, un yacht "en amont" parcourt quatre nœuds dans l'eau, ce qui fait encore deux nœuds par rapport au fond lorsque la marée est de deux nœuds. Le skipper se sent parfaitement en sécurité grâce au passage très lent des gyres, car le courant l'aiderait encore à "freiner".
C'est peut-être vrai pour les obstacles fixes. Un autre bateau fait prudemment deux nœuds, mais dans l'eau, car il a besoin de ramer pour suivre le courant. Comme le courant pousse, ce bateau avance de quatre nœuds par rapport au fond. Conséquence : au lieu des quatre nœuds attendus, les deux bateaux s'approchent l'un de l'autre à six nœuds. Les habitués des zones de marée connaissent cet effet, mais pour les autres, la "course" est une surprise.
Là où il n'y a pas que des yachts en face, il faut bien sûr calculer tout autrement : Un cargo de 200 mètres de long avec un pont à l'arrière n'a effectivement plus que 200 mètres devant lui pour une visibilité de 400 mètres. D'un autre côté, à cette distance, il ne lui reste guère de possibilités de s'écarter. Et la navigation à faible vitesse est aussi une chose : la manœuvrabilité devient très vite très mauvaise.
La pression de la concurrence et du temps conduit souvent les navires professionnels à poursuivre leur route avec une aide électronique malgré une mauvaise visibilité. On peut trouver cela bien ou moins bien, mais cela ne changera rien. Les grands se voient suffisamment entre eux, en tant que "petite cible", on devrait éviter autant que possible les voies de navigation principales.
La meilleure façon de procéder dans les eaux côtières très fréquentées est de se cacher là où aucun bateau ne passe, d'émettre les signaux sonores prévus et d'attendre sur place une meilleure visibilité. Bien sûr, on ne jette pas l'hameçon précisément dans le chenal - on veut après tout attendre que le temps s'améliore et non pas le prochain bateau à vapeur qui nous débordera. Une vieille règle du pouce pour les endroits sûrs est la suivante : là où l'eau est peu profonde, on ne peut pas mettre un gros pot. Cela vaut aussi bien pour les mouillages que pour les cours.
Mais trop plat n'est pas bon non plus. Car même si le brouillard à la côte s'accompagne généralement de vents faibles, les bateaux qui passent peuvent tout de même générer une bonne houle. Il est donc préférable de ne pas naviguer dans des eaux moins profondes que celles où l'on se risquerait à naviguer au même endroit avec une bonne visibilité, par crainte de faire de mauvaises rencontres.
Lorsque le GPS et le sondeur n'étaient pas encore une évidence, les navigateurs utilisaient une méthode simple pour éviter de tomber à terre dans le brouillard : jeter l'ancre par-dessus bord en eau profonde et marcher en direction de la côte jusqu'à ce qu'elle s'accroche. Ils y restaient jusqu'à ce que le ciel s'éclaircisse. Grâce à l'électronique, il est aujourd'hui plus facile de trouver un endroit adéquat. Il faut choisir un endroit où il n'y a si possible pas de trafic de passage. Il peut s'agir d'une baie ou simplement d'un arc dans la ligne de profondeur. En naviguant vers de tels points, il faut bien sûr être très prudent, car d'autres bateaux pourraient déjà attendre de meilleures conditions à l'endroit visé ou sur le chemin qui y mène.
Ne jamais mouiller dans la voie d'accès au port le plus proche ou dans la ligne d'arrivée de points de repère marqués.
Même par temps de brouillard, la navigation professionnelle se déroule comme prévu - et rarement plus lentement. Les trajets connus des "gros", par exemple des lignes de ferry, devraient donc être évités d'emblée. Un peu à l'écart de la route directe, il y a moins d'adversaires potentiels pour les collisions. Les points de repère préimprimés sur la carte ne sont pas non plus le premier choix, car de nombreux skippers utilisent leurs coordonnées.
En pleine mer, la seule solution est de faire preuve d'une grande vigilance. Il faut alterner régulièrement, car au bout d'un certain temps, on voit tout venir dans le brouillard sans contours.
Parfois, depuis le pont, on peut voir que la tête de mât brille manifestement au soleil, alors qu'aucun rayon n'arrive en bas. L'idée de tirer un membre d'équipage dans le gréement par-dessus le brouillard n'est pas si mauvaise.
La communication parfaite entre la vigie et le barreur doit être assurée, par exemple par des signes de la main convenus au préalable. Ou par des talkies-walkies, qui ne doivent pas coûter très cher. Quoi qu'il en soit, les points de repère élevés et les grands navires sont peut-être mieux visibles d'en haut. Mais il faut toujours tenir compte du fait que d'autres obstacles ne dépassent pas nécessairement le banc de brouillard : les bouées, les bateaux à moteur, les petits bateaux de pêche, les bouées à filets et les pointes de terre plates restent cachés à l'homme dans le mât.
Un autre sens aide l'homme à s'orienter : l'ouïe. C'est pourquoi il existe des signaux sonores, différents pour les bateaux à vapeur, les voiliers et les mouillages. Mais ils ne sont utiles que s'ils peuvent être utilisés et perçus.
Les yachts de plus de douze mètres de long doivent être équipés d'un système de signalisation sonore. Les plus petits n'en ont pas besoin, mais devraient emporter quelque chose pour faire du bruit. Il peut s'agir d'une fanfare à air comprimé (avec suffisamment de cartouches de réserve) ou, en cas d'urgence, d'une poêle à frire. Celui qui est surpris par le brouillard au mouillage a enfin officiellement une utilisation judicieuse de la cloche du bateau. D'ailleurs, la tonalité des signaux de brume est censée indiquer la taille du bateau : plus elle est basse, plus il est grand. C'est pourquoi les installations de yacht autorisées ont ce grincement aigu et agaçant.
Le moteur d'un yacht est bêtement une source sonore puissante qui rend l'équipage sourd aux bruits faibles. C'est pourquoi il est préférable de se déplacer uniquement à la voile dans le brouillard, même si cela est beaucoup plus lent lorsque le vent est faible.
Si le moteur doit absolument tourner, il faut le faire à un régime qui fasse le moins de bruit possible. Il faut faire des essais pour savoir combien. Le ralenti ne produit pas automatiquement le bruit qui se distingue le mieux des signaux de brume des autres bateaux. Pour être sûr de ne pas entendre des adversaires de collision, placer un poste d'écoute à l'avant du bateau, car le moteur y est plus silencieux que dans le cockpit. En cas de doute, couper le moteur toutes les quelques minutes pour écouter.
Selon le KVR, les feux de navigation doivent être utilisés entre le coucher et le lever du soleil, ainsi que par mauvaise visibilité. C'est logique, car même en plein jour, un feu dans le brouillard est visible à plus grande distance qu'une coque de yacht. Et la couleur permet aussi de savoir immédiatement dans quelle direction se déplace la cible.
Un réflecteur radar doit de toute façon se trouver à bord. Et par temps de brouillard, il n'a pas sa place dans la caisse arrière, mais dans le gréement. L'idéal, parce qu'ils produisent l'écho le plus fort, sont les grands parallélépipèdes. Ils ont en général des yeux aux coins pour les rubans - ce qui incite à les placer avec une pointe vers le haut. Mais la position correcte est celle dite de l'attrape-pluie, c'est-à-dire avec un pot de coq sur deux coins opposés, de sorte qu'un entonnoir pointe vers le haut. C'est ainsi que l'on obtient les réflexions les plus fortes.
Avec le GPS, le radar et l'AIS, le brouillard en mer et le long des côtes a perdu beaucoup de son caractère effrayant. Le skipper sait où il se trouve et ce qui se passe autour de lui - du moins approximativement. Mais on n'est vraiment bon qu'en combinant ces techniques.
Dans la navigation terrestre, il était d'usage d'utiliser les repères maritimes comme points de repère et de se rendre réellement jusqu'à eux. D'une part, pour voir le courant éventuellement stagnant à la bouée, et d'autre part, pour avoir un point de départ sûr pour le coup suivant.
Pour la planification de l'itinéraire par GPS, il est recommandé de procéder différemment, surtout en cas de mauvaise visibilité : Les waypoints ne doivent pas être placés exactement sur des repères marins, mais un peu plus loin, du côté de la sécurité - ainsi, il y a moins de chances que deux bateaux se dirigent vers la même position au même moment et que le waypoint devienne un point de collision. Cette tactique permet d'ailleurs d'améliorer la situation par tous les temps lors de la navigation sur des routes populaires.
Le radar est bien sûr le meilleur équipement pour le brouillard. Pour ceux qui en disposent, la règle 7b du KVR leur impose également des obligations : "Pour obtenir un avertissement précoce de la possibilité d'un risque de collision, un radar existant doit être utilisé, y compris l'application du tracé ou d'une méthode systématique équivalente pour surveiller les objets localisés".
Cela signifie que celui qui l'a doit l'utiliser activement - et pas seulement le laisser fonctionner à côté. L'utilité des yeux électroniques en cas d'urgence dépend principalement des compétences de l'utilisateur. Il faut donc s'entraîner au préalable avec une bonne visibilité. C'est la seule façon de connaître les forces et les faiblesses de son installation et de ses propres capacités. Mais même si le yacht est équipé d'un grand radar et que l'équipage sait parfaitement s'en servir, il faut tenir compte de ce qui suit : s'attendre à ce que d'éventuels adversaires de collision n'aient pas de radar ou ne puissent pas interpréter l'image avec certitude. Et avec les bateaux qui ne fournissent que des échos minimes, par exemple les bateaux de pêche.
Un transpondeur AIS offre certes une aide, mais pas un réel gain de sécurité. En effet, d'une part, tous les véhicules ne sont pas équipés en conséquence et, d'autre part, sur les grands bateaux, l'affichage des yachts peut être supprimé. C'est même probable, surtout dans les zones très fréquentées.
Malgré toutes les aides, astuces et précautions : Le plus sûr pour traverser le brouillard est de rester au port. Pour le reste, il faut toujours faire la part des choses entre l'évolution de la météo, la visibilité et les conditions de circulation dans le secteur.
Les bateaux d'une longueur supérieure à douze mètres doivent être équipés d'une installation de signalisation sonore et sont tenus d'émettre les signaux mentionnés ci-dessous. Les bateaux de moins de douze mètres de long peuvent émettre un signal sonore puissant toutes les deux minutes. Il est toutefois recommandé à ces derniers d'utiliser les signaux appropriés.
Un son long (lettre T) au moins toutes les deux minutes. Sans déplacement, deux longues tonalités (lettre M)
Au moins un son long et deux sons courts toutes les deux minutes (lettre D)
Toutes les minutes, la cloche du bateau retentit pendant cinq secondes. A l'approche d'autres bateaux, un son court, un son long et un son court supplémentaires (lettre R).