Christian Tiedt
· 19.06.2024
Ceux qui naviguent dans les ports de la mer du Nord et de la mer Baltique pendant la saison rencontrent sur les pontons une foule de visiteurs venus de toute l'Europe. C'est à la poupe que l'on voit d'où ils viennent : ce qui y souffle révèle en effet leur origine au premier coup d'œil. Mais dès le deuxième coup d'œil, on remarque souvent que, contrairement aux bateaux de sport allemands, il ne s'agit pas toujours de la "nationale" telle qu'on la connaît à terre, mais d'un pavillon de yacht spécial.
Des couleurs supplémentaires, des formes différentes et l'ajout d'un symbole ou d'un emblème à tel ou tel endroit confèrent parfois une étonnante diversité aux hampes de nos voisins. La conception et l'utilisation de ces variantes sont toutefois réglementées différemment selon les pays. Les mêmes droits pour tous ne s'appliquent pas partout, loin de là. Parfois, tous les skippers peuvent se réjouir, parfois seuls quelques-uns font partie des élus. Il n'est pas surprenant que la tradition joue souvent un rôle important. Nous présentons ici les pavillons de tous les pays européens, de la mer Baltique à la Méditerranée.
Danemark Le pavillon général des yachts fait partie de l'image habituelle chez nous aussi en été. Peu de skippers de notre voisin du nord renoncent au droit d'arborer le double mât du Dannebrog à la poupe, le fameux splittflag. Il est en fait réservé aux autorités publiques et aux forces navales. C'est pourquoi le modèle de yacht est complété par les lettres "Y.F." en jaune ou en or dans le coin supérieur. A l'origine, cette abréviation désignait l'association danoise des skippers de yacht (yachtskipper forening). Certains clubs sont toutefois autorisés à utiliser d'autres symboles individuels, comme les trois étoiles du Royal Danish Yacht Club.
Dans Norvège il n'existe pas de pavillon général pour les yachts. Une exception existe toutefois pour le Royal Norwegian Yacht Club : ses membres sont autorisés à arborer le pavillon de service hissé. Un champ blanc avec la couronne royale et le monogramme de chaque monarque - depuis 1991, il s'agit de Harald V - permet de les distinguer.
Il en va de même dans les Pays-BasDans ces pays, plusieurs associations ont obtenu de la Maison royale le droit de posséder leur propre drapeau. Dans ces cas-là, un emblème ou une image réduite du rang respectif de la nationale est ajouté à la nationale. Dans notre galerie d'images, on peut voir l'exemple du Club royal néerlandais des bateaux à moteur.
Nulle part ailleurs, cependant, les têtes couronnées ne font autant usage de leur privilège qu'à Grande-BretagneLes yachts britanniques de Grande-Bretagne arborent normalement le pavillon commercial rouge avec le petit Union Jack à l'arrière, appelé Red Ensign. Une douzaine d'associations disposent, avec l'autorisation de la Couronne et de l'Amirauté, de leur propre variante avec l'insigne correspondant (dans la galerie, le Red Ensign avec le badge du Royal Dart Yacht Club.
La variante bleue de la nationale, le Blue Ensign, servait autrefois de base aux autorités, aux territoires et aux colonies pour leurs propres drapeaux. Mais depuis, elle est également utilisée par les clubs de yachting, sous réserve de l'approbation royale. On en compte actuellement une trentaine, dont le Royal Solent Yacht Club (exemple dans la galerie). Une cinquantaine d'autres clubs peuvent se présenter avec l'emblème ajouté, ce qui fait de cette version la plus courante. L'exemple présenté appartient au Little Ship Club de Londres.
Il existe même une exception pour le drapeau régulier de la Royal Navy, le White Ensign : il s'applique aux membres du vénérable Royal Yacht Squadron, basé à Cowes sur l'île de Wight. Les forces aériennes bénéficient également d'un droit spécial : leur drapeau de service utilisé à terre, d'un bleu plus clair, est modifié - avec l'aigle, la couronne et l'emblème de la Royal Air Force - et peut également être vu sur l'eau sur les bateaux de la RAF Sailing Association. Les deux drapeaux sont visibles dans la galerie de photos.
Deux autres monarchies renoncent en revanche à des privilèges pour des clubs sélectionnés : ainsi, il existe en Belgique un pavillon de plaisance général pour les eaux nationales. Il s'agit du pavillon commercial avec la couronne royale dans le coin supérieur gauche. Selon le règlement, celui-ci doit être jaune uni, mais de nombreux fabricants proposent également des versions multicolores. La réglementation est très similaire en Espagne de l'extérieur : Ici, le pavillon de yacht est caractérisé par une couronne bleue placée au centre, parfois plus grande, parfois plus petite. La nuance de bleu varie également.
Après l'indépendance de la Grande-Bretagne, de nombreuses associations de la République d'Irlande leurs propres ensembles et a simplement remplacé l'Union Jack dans le coin supérieur par les nouvelles couleurs nationales vert, blanc et orange. Le Royal Irish Yacht Club de Dún Laoghaire, près de Dublin, en fait également partie. La couleur de base habituelle est toutefois le bleu, comme dans le cas du Howth Yacht Club. Le ton peut être plus clair ou plus foncé. Comme dans d'autres pays, les drapeaux de plaisance irlandais sont uniquement destinés à être utilisés dans les eaux territoriales.
Dans Finlande une fine croix blanche distingue le pavillon de plaisance du pavillon national, qui ne présente que la croix scandinave bleue sur fond blanc. Il est exclusivement utilisé par des associations qui affichent en outre leur emblème individuel dans le coin supérieur. La galerie en montre un exemple : le Nyländska Yachtclub d'Helsinki.
Aussi sur Åland est un pays où l'on procède de la même manière : L'archipel, où l'on parle suédois, fait certes partie de la Finlande, mais dispose d'une grande autonomie et de son propre drapeau national. Les associations peuvent utiliser une variante à deux mâts, également avec un emblème. Ici, il s'agit de la Société de voile d'Åland de Mariehamn (ÅSS).
Des pavillons spéciaux pour yachts sont également disponibles en PologneIls sont toutefois moins répandus qu'en Scandinavie. L'une de ces exceptions est le Yacht Club polonais qui, comme au Danemark, combine le double mât du pavillon de guerre maritime avec la croix de Saint-André rouge de la bannière du club.
Italie ne dispose pas de son propre pavillon de plaisance, mais le pavillon de guerre maritime entre également en jeu dans un cas, sans changement, comme dans le cas du Royal Yacht Squadron en Grande-Bretagne. Le Yacht Club Italiano, basé à Gênes, est la seule association autorisée à arborer la Bandiera Navale Militare. Ce dernier ne se distingue toutefois du pavillon commercial que par des détails, comme la couronne du navire au-dessus des armoiries nationales.
L'égalité est l'un des principes de l'État FranceLes privilèges ne font pas partie du tableau. Le drapeau tricolore, avec des bandes de différentes largeurs en mer, flotte donc à l'arrière de tous les bateaux, du porte-avions au bateau à cabine. Mais même dans ce pays, il existe une exception unique et historique : le Yacht Club de France n'est pas seulement le plus connu du pays, mais aussi le plus important. Il est donc la seule organisation de sports nautiques à pouvoir arborer une variante spéciale avec deux étoiles supplémentaires : Elles représentent les deux clubs qui ont fusionné en 1902 pour former le YCF.
Last but not least : les Suissez. Aucun autre pays enclavé n'a accepté - peut-être sans surprise - de créer un pavillon de plaisance spécifique. Cependant, le Cruising Club de Suisse, qui est également responsable de la formation à la voile hauturière du pays, a été autorisé à ajouter au drapeau national à croix blanche les initiales de son association et une ancre dite floue, entourée d'une corde (voir illustration dans la galerie).