Pascal Schürmann
· 11.10.2025
Ce qui s'est passé : un propriétaire de bateau avait fait mettre son voilier en hivernage par un gérant d'entrepôt. L'exploitant de l'entrepôt s'est chargé du débardage et a également mis à disposition un support de stockage. Il a placé le bateau dans la cour asphaltée de l'entreprise de manière à ce qu'il soit bien protégé du vent du nord-ouest, la direction principale du vent dans la région, par les bâtiments environnants.
Contrairement à d'autres bateaux qui étaient également stationnés dans la cour, le mât n'a pas été sécurisé davantage. Le propriétaire a également installé une bâche pour protéger le bateau des intempéries.
En février 2022, la tempête Zeynap a traversé le nord de l'Allemagne en provenance d'une direction sud-ouest atypique. Avec des rafales d'ouragan allant jusqu'à 120 km/h, le yacht de 6,5 tonnes est tombé de son mât et a endommagé deux bateaux voisins. Les dommages totaux ont dépassé les 50 000 euros.
Heureusement, le propriétaire du bateau avait souscrit une assurance casco pour son yacht. L'assurance lui a remboursé les dommages. Cela a permis au propriétaire d'éviter une longue bataille juridique avec l'exploitant de l'entrepôt. En effet, lorsque l'assurance a réclamé le remboursement de l'argent à l'exploitant de l'entrepôt, ce dernier a refusé de payer.
Il a fait valoir qu'il avait conclu avec le propriétaire un contrat de location excluant toute responsabilité pour le bateau entreposé, sauf en cas de faute intentionnelle ou de négligence grave. L'assurance ne l'entendait pas de cette oreille et a saisi le tribunal.
L'assureur a d'une part contesté le fait que le support de stockage n'était pas adapté au poids du navire et qu'il était en outre endommagé. D'autre part, des mesures de sécurité supplémentaires n'auraient pas été prises malgré la tempête annoncée. Enfin, les bateaux auraient été stationnés trop près les uns des autres, de sorte que l'effet domino aurait pu se produire en premier lieu.
Le tribunal régional de Hambourg s'est rangé à cet avis. Plus important encore : les juges ont précisé que le contrat conclu entre le propriétaire et l'exploitant de l'entrepôt n'était en aucun cas un contrat de location, mais plutôt un contrat d'entreposage. Le terme "contrat de location" n'y change rien. L'exploitant de l'entrepôt n'est donc pas seulement tenu de mettre à disposition un emplacement de stockage, mais il est également responsable de la conservation et de la sécurité correctes des objets entreposés.
Cela comprend également d'autres mesures de sécurité indépendantes lorsqu'il est clair, comme dans le cas présent, que le bateau stationné et recouvert d'une bâche ne résistera pas au vent annoncé.
Selon l'article 475 du code du commerce, un entrepositaire est responsable des dommages causés aux marchandises stockées, sauf s'ils sont inévitables. Or, c'est ce que doit prouver l'exploitant de l'entrepôt, ce qu'il n'a pas réussi à faire. Le tribunal de grande instance l'a donc condamné à payer environ 50.000 euros à l'assurance (réf. : 417 HKO 47/23). L'exploitant de l'entrepôt a fait appel, de sorte que la Cour d'appel de Hambourg réexaminera le cas.
Si la Cour d'appel confirme le jugement, d'autres propriétaires de bateaux dont les bateaux subissent des dommages dans l'entrepôt d'hiver pourront s'en prévaloir à l'avenir et l'exploitant de l'entrepôt devra les prendre en compte. De plus, contrairement à ce que l'on a pu lire dans certains rapports sur le jugement, les juges n'ont pas contesté le fait que le bateau ait été entreposé dans l'entrepôt extérieur avec le mât à l'arrêt. Ils ont seulement reproché à l'exploitant de l'entrepôt de ne pas avoir sécurisé le gréement contre la tempête qui s'annonçait.
Gunnar Brock, conseiller juridique chez Pantaenius, courtier en assurances de yachts à Hambourg, ajoute que les propriétaires de bateaux ne doivent pas s'inquiéter de leur couverture d'assurance si le gréement est laissé en hivernage. "Ce n'est pas parce que l'on ne met pas le mât en place que l'on met en jeu sa couverture casco", explique Brock.
D'une manière générale, ce cas montre l'utilité d'une assurance casco pour les yachts, même pendant la période où le bateau est en hivernage. "Sans assurance, il faudrait porter plainte soi-même contre l'exploitant de l'entrepôt. Cela peut être long. Et même si l'on gagne, on n'obtient en cas de doute des dommages et intérêts que dans le cadre de la responsabilité civile de l'exploitant de l'entrepôt", explique Brock.
Cela signifie qu'en fonction de l'âge du bateau, il faut en cas de doute accepter des déductions lors du règlement des dommages. Brock : "En revanche, une bonne assurance casco ne prévoit pas de telles déductions liées à l'âge".