Pascal Schürmann
· 21.07.2023
Le directeur de BVWW, Karsten Stahlhut, parle d'une "zone de basse pression étendue" qui semble se diriger vers le secteur, alors qu'un an auparavant, on ne parlait que des premiers nuages d'orage lorsque la Russie avait envahi l'Ukraine. "Entre-temps", poursuit Stahlhut, "une autre image se dessine".
Les "temps roses de Corona" du point de vue de la branche sont révolus, la guerre et ses conséquences économiques globales exigent leur tribut. Les conditions économiques s'en ressentent.
Stahlhut : "Le taux directeur semble accomplir un marathon. Si l'on pensait il y a douze mois que le taux directeur avait atteint son sommet provisoire, on le sait mieux aujourd'hui, car entre-temps, il y a eu quatre autres augmentations du taux d'intérêt pour atteindre actuellement un total de 4 pour cent. La dernière fois qu'une valeur encore plus élevée a été atteinte, c'était en 2000". Cela a pour conséquence que le taux d'intérêt pour le financement de bateaux se situe actuellement à 7% pour des durées allant jusqu'à 15 ans.
De plus, selon le ministère fédéral de l'Économie, la performance économique a reculé de 0,3 pour cent au premier trimestre 2023. Comme il y avait déjà eu une baisse de 0,5 pour cent au quatrième trimestre 2022, l'Allemagne se trouverait par définition dans une récession "technique".
L'une des rares lueurs d'espoir dans la situation actuelle réside dans le fait que les moteurs, les pièces de rechange et les composants sont enfin à nouveau disponibles en quantités relativement illimitées et que les carnets de commande des chantiers navals sont majoritairement bien remplis jusqu'au deuxième trimestre 2024. Le nombre de gagnants est toutefois "très raisonnable".
Stahlhut : "Si l'on veut voir les choses du bon côté, on pourrait dire qu'après de longues périodes de vaches maigres, où il n'y avait presque pas de bateaux disponibles à l'achat en Allemagne, l'offre est maintenant revenue au niveau d'avant la crise. Qu'il s'agisse de planeurs, de semi-planeurs, de bateaux à déplacement, de yachts à moteur ou à voile, de bateaux neufs ou d'occasion, on trouve actuellement à nouveau tous les types dans l'offre des revendeurs".
La mauvaise nouvelle, c'est qu'aucune classe de bateaux ne fait aussi bien, voire mieux, que l'année dernière. Toutes les classes et tous les types de bateaux sont actuellement moins bien lotis qu'en 2022.
Pour les bateaux d'entrée de gamme jusqu'à 7,50 mètres, 82 pour cent des entreprises interrogées ont indiqué que les ventes étaient inférieures à l'année précédente. Pour les bateaux à moteur jusqu'à 12 mètres, ce chiffre serait encore de 67 pour cent et pour les yachts à moteur de plus de 12 mètres, il serait encore de 44 pour cent.
Pour les voiliers, l'évolution est similaire, à une différence près : dans aucune catégorie de taille, il n'y a eu de retours indiquant que les affaires étaient actuellement meilleures que l'année précédente. Il en va de même pour la plus grande catégorie, celle des bateaux de plus de 12 mètres.
Stahlhut : "Cela est certainement dû, entre autres, au fait qu'une grande partie des yachts à voile sont achetés pour le marché de la location, ce qui est plutôt rare pour les yachts à moteur. Mais si ces voiliers sont soudain 40% plus chers à l'achat qu'il y a 18 mois et que l'on n'est pas en mesure de répercuter l'augmentation des coûts d'acquisition sur les prix de location à la semaine, il en résulte parfois un gros déficit de financement et le rendement habituel "s'envole"". Dans le même temps, les liquidités sont à nouveau bien rémunérées. Ces deux facteurs semblent assécher le marché, ce qui pourrait avoir des conséquences importantes et encore imprévisibles, prévient le directeur de l'association.
Toujours est-il que les loueurs de voiliers n'ont pas changé. Il n'y aurait guère de variations à la hausse ou à la baisse par rapport à l'année précédente.
Les écoles de voile et de bateaux à moteur devraient être attentives, car elles enregistrent une baisse du nombre de participants aux cours. Certes, 2021/2022 a été une année record pour les entreprises de formation et, en ce sens, seule une normalisation se dessine. "Mais", selon Stahlhut, "une formation est le début de l'accès aux sports nautiques, il faudrait donc à nouveau intensifier les activités dans ce domaine afin d'enthousiasmer de nouveaux clients".
En revanche, selon les estimations de BVWW, la situation est bonne pour les entreprises de service et les marinas. Les deux secteurs ont toujours du pain sur la planche, les carnets de commandes et les listes de places d'amarrage ne présentent pas ou peu de lacunes. Seul le manque de personnel qualifié est préoccupant.
Ce qui unit de nombreuses entreprises, tous secteurs confondus, c'est manifestement l'évolution des prix. Selon l'enquête, 75 % des entreprises ont annoncé des prix de vente plus élevés (année précédente : 78 %), 65 % (année précédente : 55 %) n'étant pas satisfaites de la situation bénéficiaire de leur entreprise. En conséquence, la volonté d'investir a diminué de 10 points de pourcentage cette année, passant de 30 à près de 20 % des entreprises interrogées. On constate une évolution similaire dans le domaine du personnel. Alors qu'en 2022, 50 % des entreprises interrogées souhaitaient encore embaucher du personnel, elles ne sont plus que 40 % à vouloir le faire.
"En résumé, on peut constater qu'entre-temps, à peine 20 pour cent des entreprises BVWW interrogées évaluent la situation commerciale actuelle comme meilleure que pendant la période de comparaison de 2022, où ce chiffre était encore de 40 pour cent. La baisse de l'euphorie, déjà constatée l'année dernière à la même époque, se confirme de plus en plus et se traduit désormais dans les chiffres", explique Karsten Stahlhut.
Les prévisions conjoncturelles continuent de baisser en même temps que la situation actuelle : Seules 44 % des entreprises de BVWW s'attendent à une évolution positive ou au moins stagnante à moyen terme. L'année précédente, ce chiffre était encore de 60 %.