L'un des nombreux aspects fascinants des grands yachts est qu'ils offrent suffisamment d'espace et de place pour réaliser de bonnes idées et des souhaits originaux qui ne sont pas réalisables sur des bateaux plus petits. Alors que les constructeurs de bateaux compacts se battent généralement pour chaque centimètre afin d'obtenir les meilleurs compromis, les concepteurs de grands yachts ont les mains libres pour réaliser plus facilement leurs idées. Deux nouveaux grands yachts issus de la production en série française, dont les concepts ne pourraient pas être plus hétérogènes, montrent à quel point l'éventail de toutes les possibilités peut être large dans le segment XXL. Et ce, bien que les deux bateaux soient issus de la même grande famille, le puissant groupe Beneteau. L'ADN commun donne du piment supplémentaire à une comparaison.
L'Oceanis Yacht 60 de Beneteau, leader du marché, vient d'être lancé sur le marché. Les plans sont le fruit de la coopération entre le constructeur Roberto Biscontini et le designer Lorenzo Argento. Leur signature se caractérise par une poupe large, une membrure plate et une ligne de flottaison très encaissée. Le tandem italien a déjà conçu ensemble les plus grands bateaux de la nouvelle gamme sportive First de Beneteau, comme le First 44.
En outre, le First 53 (YACHT 23/2019), dont la carène rapide a également été reprise comme base pour la construction de l'Oceanis Yacht 54 (YACHT 23/2020). La question se pose donc presque inévitablement de savoir si Beneteau utilisera la coque moderne, voire radicale, de l'Oceanis Yacht 60 comme base d'un nouveau 60 pieds pour le programme First. Ce serait logique au vu de la stratégie actuelle de Beneteau en matière de construction de lignes. Du côté du chantier naval, cette question reste sans réponse.
Le pendant de Jeanneau se montre quant à lui plus modéré. La construction est l'œuvre de Philippe Briand en collaboration avec le styliste Andrew Winch. Le duo est responsable des quatre yachts actuels de la gamme de yachts haut de gamme de Jeanneau. La coque est plus volumineuse que celle de l'Oceanis, ce qui se voit surtout à l'arrière. Les chinoises prononcées sont certes un peu passées de mode entre-temps, mais elles génèrent un gain d'espace considérable à l'arrière, que Jeanneau utilise pour un agencement inhabituel sous le pont avec une grande cabine de propriétaire d'un seul tenant.
Les deux yachts sont équipés de doubles safrans, d'une quille en fonte en forme de L et de deux variantes de tirant d'eau. De plus, les gréements sont presque identiques. Les deux yachts sont équipés en standard d'un mât enrouleur Sparcraft à deux barres de flèche et d'un foc auto-vireur. Un simple jeu de voiles de près en Dacron est fourni. En option seulement, les deux constructeurs proposent également leurs bateaux avec un plan de voilure traditionnel, c'est-à-dire avec une grand-voile à pinces et un génois à chevauchement court avec des points d'écoute réglables. Dans ce cas, les mâts sont plus hauts d'environ 1,50 mètre.
Ces améliorations de performance vont raisonnablement de pair avec de meilleures voiles en laminé. Les chantiers navals ont mis au point des packs d'équipement correspondants pour leurs gréements sportifs, y compris des tendeurs de pataras hydrauliques et de la toile courante en Dyneema. Les deux bateaux de test en étaient équipés.
Les essais de navigation ont toutefois eu lieu à des moments et des endroits différents. Il n'est donc pas possible de comparer directement les caractéristiques de navigation et le potentiel de performance. Toutefois, les conditions de vent étaient similaires lors des tests, du moins par endroits, de sorte qu'une classification comparative des données de performance est possible, du moins avec des réserves. L'équipement des bateaux de test et leur voilure permettent également de les comparer.
Lors du test, l'Oceanis Yacht 60 se montre étonnamment performant et se démarque aussi bien par vent faible que par vent fort. De plus, le Beneteau peut courir à une très bonne hauteur. Par dix nœuds de vent seulement, le bateau atteint 7,0 nœuds au près et vire sur un angle de 80 degrés seulement. Par mi-vent, avec le code zéro déroulé, le loch affiche également des valeurs à deux chiffres par vent de force trois.
Le Jeanneau Yachts 60 navigue également très bien, mais en comparaison indirecte, il n'atteint pas tout à fait les performances de son antagoniste. Il semble naviguer un peu plus lentement et ne parvient en outre pas à parer entièrement la bonne hauteur de l'Oceanis. L'angle de virement est d'environ 90 degrés.
Tant le Jeanneau que le Beneteau présentent dans le cockpit ce que l'on appelle le walkaround layout. Cette disposition innovante est désormais appliquée par les deux marques pour tous les nouveaux développements dans les segments de longueur plus importants. Et elles en font une caractéristique de positionnement unique par rapport à la concurrence - car elle est garantie par des brevets. Walkaround signifie : les ponts roulants latéraux descendent vers l'arrière à la hauteur du plancher du cockpit. Cela permet un passage sans obstacle du cockpit au pont avant.
Sur le Jeanneau, la différence de niveau se présente sous la forme d'une rampe à pente douce, les haubans supérieurs et inférieurs étant séparés à l'avant, ce qui facilite le passage vers la proue.
Oceanis installe deux marches dans le pont roulant au lieu d'une rampe, et le passage est entravé par le hauban inférieur tendu du mât vers l'extérieur de la coque.
Le cockpit walkaround concentre en général de nombreux avantages pour la manipulation lors des manœuvres, car il est possible de se tenir sur le pont roulant approfondi, sur le côté, dans une sorte de canal, et de commander les winchs à bonne hauteur depuis ce point. Sur les deux bateaux, toutes les écoutes, drisses et lignes de réglage sont ramenées directement devant les deux postes de barre, à l'exception des deux grands winchs, qui sont également facilement accessibles au barreur. Comme aucun siège n'est prévu en standard sur le pont arrière du Jeanneau pour le barreur, celui-ci peut circuler librement autour des colonnes de barre et travailler aussi de l'extérieur sur les winches, au vent comme sous le vent. Il doit toutefois rester debout en permanence, ce qui peut s'avérer pénible à la longue.
Sur l'Oceanis, en revanche, le skipper peut s'asseoir latéralement sur les panneaux de cockpit prolongés, mais il y a moins de liberté de mouvement, notamment pour passer les écoutes et manœuvrer les winchs.
L'arceau de tare fait déjà partie de l'équipement de base de l'Oceanis au départ du chantier naval. Cette pièce en fibre de verre très robuste permet de guider l'écoute de grand-voile hors du cockpit et sert en outre de cadre à une puissante capote de spray. Sur le Jeanneau, l'écoute de grand-voile est guidée depuis le chantier naval par un triangle d'écoute devant la descente. C'est certes possible, mais la traction s'applique très loin à l'avant de la bôme, ce qui réduit nettement le rendement. Il faut donc déployer plus de force pour hisser la grand-voile. Un arceau de tare est également disponible sur le Jeanneau, mais uniquement en option. Et pour les deux bateaux, un bimini fixe avec toit convertible est sur la liste des options.
Les chantiers navals installent à l'arrière des espaces de rangement fermés pour une annexe. Sur Jeanneau comme sur Beneteau, les garages peuvent accueillir des canots pneumatiques de 2,90 mètres de long dans le sens de la marche, sans qu'il soit nécessaire de les dégonfler. Les grands volets de bain facilitent les manœuvres de mise à l'eau et de mise à l'eau. Sur demande, cela peut aussi se faire électriquement.
Sur le Jeanneau, le garage est décalé sur le côté, ce qui est particulier mais a une bonne raison. Les Français ont innové en installant à l'arrière du bateau un espace propriétaire spacieux avec un grand lit double et une salle de bain privée sur toute la largeur du bateau, ce qui est un standard. Cette disposition spéciale n'est possible qu'avec un agencement asymétrique. Dans la partie avant du Jeanneau, l'agencement est également particulier. Comme la cloison principale se trouve relativement à l'arrière, il reste beaucoup de place pour un aménagement individuel. Il est par exemple possible de créer deux cabines centrales qui peuvent être séparées par une cloison longitudinale extensible et d'élargir les couchettes en conséquence. Le chantier naval peut également aménager une deuxième cabine de propriétaire avec un grand lit double.
Selon la manière dont cette partie avant est aménagée, il reste de la place devant pour un très grand cabinet de toilette ou deux plus petits. Le coqueron avant peut être aménagé au choix en cabine double supplémentaire, en charge de voile avec atelier ou en cabine pour le skipper avec ses propres toilettes. En combinant toutes les possibilités pour l'avant et l'arrière, le client a le choix chez Jeanneau entre pas moins de 19 variantes d'aménagement différentes.
Pour l'Oceanis Yacht 60, la variation pour l'intérieur reste en revanche extrêmement modeste. L'agencement standard comprend deux cabines doubles à l'arrière, chacune avec sa propre salle d'eau, ainsi qu'une cabine propriétaire très spacieuse avec salle de bain et douche à l'avant. Aucune alternative n'est toutefois prévue. Les acheteurs n'ont le choix que pour le coqueron avant, nettement plus petit que celui du Jeanneau, qui peut être aménagé en charge de voile ou en cabine pour un skipper aux exigences de confort modestes.
Beneteau a imaginé une particularité pour la cabine du propriétaire à l'avant. Le lit double est décalé latéralement et presque complètement dégagé avec la possibilité de faire le tour, presque comme à la maison dans la chambre à coucher. Cela facilite considérablement le coucher. La surface de couchage au format queensize (1,60 mètre de large) est entourée d'un côté par toute une ligne de rangement à la manière d'un sideboard avec des tiroirs. C'est également très particulier, mais cela offre de nombreux avantages et surtout beaucoup de place pour les vêtements et autres objets personnels. L'espace propriétaire à l'avant du bateau prend un éclat particulier avec l'immense salle de bain et la douche séparée, où deux personnes peuvent se trouver en même temps sans se gêner l'une l'autre.
Sur les deux yachts, la cuisine est construite devant le salon, sur toute la largeur, directement contre la cloison principale. La taille des cuisines est comparable, de même que le nombre d'espaces de rangement et leur utilité. Sur le Jeanneau, il y a toutefois peu de plans de travail réellement utilisables. Sur l'Oceanis, en revanche, c'est mieux résolu. Les surfaces pour préparer et cuisiner ainsi que les autres rangements sont nombreux.
Les bateaux de Jeanneau et de Beneteau coûtent un peu plus d'un million d'euros, TVA comprise, au départ du chantier naval. Les offres de la maison Beneteau sont donc comparables, mais clairement plus chères que les éventuels yachts concurrents de Bavaria, Dufour ou Hanseyachts, qui sont pourtant parfois nettement plus petits. La comparaison directe n'est donc pas pertinente.
Pour se situer vers le haut, l'aperçu de la concurrence ci-dessous mentionne également le Hallberg-Rassy 57, qui est certes de taille comparable, mais déjà plus de deux fois plus cher.
Jeanneau et Beneteau appartiennent au même conglomérat d'entreprises, peuvent exploiter des synergies et se partagent le leadership mondial du marché à distance de la concurrence. De même, les chantiers navals veulent se présenter de manière indépendante et développent leurs produits avec des valeurs de marque connues. C'est une bonne chose, car la concurrence stimule les affaires, c'est bien connu.
Croiseur d'eau bleue pour les plus exigeants. Beaucoup de volume et une grande variété de possibilités d'aménagement pour une conception individuelle. La coque, le pont et l'intérieur sont bien construits et solides.
Bateau de croisière attractif et performant avec des ambitions en eau bleue. Pour l'aménagement sous le pont, le concept montre toutefois peu d'adaptabilité. Intérieur joli, lumineux et de grande qualité
Le vaisseau amiral de Bavaria Yachtbau est un peu plus petit et plus léger que ses concurrents. Il est disponible en trois ou quatre cabines, chacune avec une salle d'eau. Grand espace de rangement pour l'annexe à l'arrière.Longueur de la coque 16,16 m ; largeur 5,28 m ; poids 18,1 t ; à partir de 582.505 euros
Ce bateau français polyvalent offre des possibilités d'aménagement de trois à cinq cabines doubles. Il est également possible d'aménager une cabine pour le skipper à l'avant du bateau. Bains de soleil spacieux sur le pont.Longueur de la coque 16,30 m ; largeur 5,05 m ; poids 17,6 t ; à partir de 626 900 euros
Yacht d'eau bleue exclusif de Suède pour une longue croisière sans souci. Le bateau brille par ses excellentes caractéristiques de navigation et son potentiel de performance élevé. Prix élevé.Longueur de la coque 17,44 m ; largeur 5,15 m ; poids 28,0 t ; à partir de 2,37 millions d'euros
Test YACHT : Magazine 20/2018
Bateau attractif avec un large éventail de possibilités d'agencement et d'équipement. Lors du test, le bateau navigue très bien et est facile à utiliser. Standard d'aménagement clair, ouvert et moderne.Longueur de la coque 16,70 m ; largeur 5,20 m ; poids 22,8 t ; à partir de 719 830 euros
Test YACHT : Magazine 1/2017